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Moorea

 

À peine arrivé à Tahiti, j'ai quitté cette île pour me rendre sur Moorea, juste en face et tellement plus tranquille que la grosse ville de Pape'ete!
J'ai passé quelques jours sur cette île bénie des dieux pour me mettre vraiment au rythme polynésien : il faut au moins ça!

 

Mon sejour a ete un vrai bonheur, car j'ai eu la chance, pour ma premiere experience de "couchsurfing", de tomber sur Isa, une fille extra qui m'a accueuilli a bras ouverts! En plus, j'en ai profite pour passer mon permis de plongee : j'ai passe autant de temps dans l'eau qu'en dehors, ce qui est un excellent moyen de decouvrire la Polynesie!

 

Les Tuamotus


J'ai ensuite embarqué sur un voilier (un RM 1200) pour me rendre dans l'archipel des Tuamotus, d'abord nommé "the dangerous archipelago" (l'archipel dangereux) par les premiers anglais à le découvrir.

En effet, contrairement aux îles dites hautes de l'archipel de la Société (dont Tahiti et Moorea font partie, caractérisées par de hautes montagnes volcaniques), les Tuamotus sont constituées d'atolls au ras de l'eau, difficile à voir avant d'avoir le nez dessus, et impossible à éviter de nuit sans bonnes cartes!

Heureusement, nous avions de bonnes cartes à bord, et avons traversé les 340 km qui séparent Tahiti de Tikehau, l'atoll le plus proche.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, un atoll n'est pas une langue de terre unique enserrant un lagon. En fait, l'enceinte de l'atoll est constitué de myriades de petits "motus" (îles), séparés par des "ohas" (bras de mer reliant l'océan et le lagon). L'immense majorité des îles des tuamotus n'est d'ailleurs pas accessible à la voile car elles n'ont pas de passe suffisamment profonde  pour laisser entrer les navires.

A Tikehau, nous avons rencontré un Paumotu (habitant des Tuamotus) vivant seul sur son motu et occupant ses journées à la récolte du "coprah". Cette denrée est l'une des richesses principales de l'archipel, avec les perles. Elle sert principalement aux industries pharmaceutiques et des cosmétiques.
Pour faire du coprah, rien de plus simple! Il suffit de ramasser les noix de coco qui jonchent quasiment toute partie émergée des Tuamotus, et de les couper en deux avant de le mettre à sécher pour quelques jours. Lorsque la chair de la coco est bien sèche, il devient plus simple de la déloger de la noix et de la mettre dans de grands sacs qui partiront par le prochain bateau ravitailleur!
Te'ave, vivait de ce travail et nous lui avons prêté main forte pendant quelques jours : si l'opération peut paraître simple sur le papier, il n'en est rien en vrai! Manier la hachette et le couteau sous le soleil polynésien n'est pas une mince affaire, mais lorsque les moustiques et les "nonos" (petites mouches très répandues dont la morsure est douloureuse) s'en mêlent, on ne rigole plus du tout!
Nous en avons également profité pour découvrir ce que vivre sur un motu isolé veut dire : peu d'électricité, pas d'eau courante, et surtout, très peu de compagnie... C'est surtout pour cela que Te'ave était content de nous montrer sa vie et son travail!
Heureusement, cette vie simple a de nombreux avantages, notamment celui d'avoir du poisson à volonté! En effet, il suffit de se mettre à l'eau avec un fusil pour ramener de gros et délicieux poissons!

Mais nous laissons bientôt notre ami à sa vie pour rallier Rangiroa, le plus gros atoll de l'archipel, et le deuxième plus gros du monde! Avec ses 7 920 ha, on a l'impression d'être dans une mer lorsque l'on rentre dans le lagon! Après en avoir fait le tour au rythme polynésien, lentement, j'embarque sur un nouveau bateau qui m'emmène à Ahe, tout au Nord des Tuamotus, ou se trouve la ferme perlière qui m'a accueilli pendant plus de deux semaines.
Mes compagnons continuent vers les Marquises, plus au Nord, et bientôt le bateau disparaît à l'horizon : c'est parti pour la perliculture!

 

La Perliculture


Ahe est l'un des principaux centres de production de perles de Polynésie, mais la crise qui a frappé le prix des perles il y a quelques années à fait des ravages chez les producteurs locaux : près de 75% d'entre eux ont mis la clé sous la porte, et l'exploitation dans laquelle je travaille est passé de 30 employés permanents à 3..!

Pour faire une perle, le travail est long.
Un "greffeur" ouvre la nacre (huître perlière) et incise la "gonade" (poche perlière) pour y déposer un "nucleus" (petite bille de coquillage sur laquelle se déposera la nacre) sur lequel il dépose un "greffon" (petit bout du manteau d'une autre nacre choisie avec soin) avant de refermer le tout et de remettre l'huître à l'eau.
Lors de la première greffe, il faut attendre 18 mois pour que le greffon recouvre entièrement le nucleus d'une couche de nacre d'environ 0,8 mm, formant ainsi une perle répondant aux critères de qualité en vigueur en Polynésie.
Lorsque ce laps de temps est passé, on ressort l'huître, on la rouvre avec précaution et l'on retire la perle : si elle est belle, l'huître subira une "surgreffe" (on posera un nucleus plus gros que le premier à la place de la perle), sinon, l'huître est ouverte et l'on en sort le "corori" (le pied) que l'on peut manger!
Une huître surgreffée doit attendre encore un an avant que la deuxième perle soit prête. On pratique ensuite le même tri puis la même opération au cours d'une "sur-surgreffe". Il est très rare que les huîtres subissent plus de trois greffes, car la qualité de la nacre produite diminue au fur et à mesure : les grosses perles ont en général moins de lustre que les petites.

Mais les nacres doivent d'abord atteindre une taille minimum pour être greffée. Aussi, soit on les achète, soit on les élève. Pour ce second cas de figure, il faut mettre à l'eau des stations de collectage ou les jeunes huîtres s'accrocheront, puis d'attendre (plus d'un an) qu'elles grossissent.

Comme vous pouvez le constater, c'est un travail long et très technique, auquel il faut rajouter les heures de "detroquage" (nettoyage des huîtres) et les coups de propre sur les paniers dans lesquels elles vivent... Épuisant! Mais lorsque la récolte est sous les yeux, c'est magique : les perles font tourner la tête des femmes à juste titre!

En plus du travail, il était vraiment intéressant de vivre sur un motu pendant ces quelques semaines. Si l'eau et l'électricité ne manquaient pas trop cette fois, il fallait toutefois vivre en situation de pénurie quotidienne : la nourriture n'est livrée au village qu'une fois par semaine, alors imaginez vous se faire livrer des planches de bois!
Les légumes frais ne manquaient pas non plus car la ferme a un partenariat avec une autre ferme à Tahiti : poissons contre légumes. Aussi, aussi souvent que possible, nous partions pour de longues sessions de pêches en apnée au fusil dans les eaux poissonneuses de la passe. S'il y a beaucoup de poissons, il y a aussi, hélas, beaucoup de requins... Aussi, chaque prise devait être âprement disputée aux requins affamés et excités par le sang dans l'eau!
La première fois que l'on se retrouve dans l'eau avec un requin, on repense aux dents de la mer. Mais si l'on fait bien attention, on se rend compte que les requins qui abondent dans ces eaux sont particulièrement méfiants : l'homme lui paraît être parfaitement adapté au milieu aquatique, et est un gros animal! Aussi, ils restent à bonne distance et l'on ne craint rien : la peur disparaît. Mais ensuite, il arrive que l'on se retrouve à l'eau avec des requins ET un poisson fraîchement harponné à la main... Et là, les requins sont beaucoup moins craintifs! Heureusement, la peur de l'homme les retient toujours d'attaquer, mais cela est d'autant moins rassurant que des accidents arrivent (même si en général, ils ne partent pas avec plus d'un doigt, happé par accident en voulant attraper leur proie!).
Mais rassurez vous, j'ai quitté ces eaux infestées sans aucun problème, ni pour moi ni pour mes compagnons de pêche!

 

Tahiti


J'aurai adore faire le trajet Ahe-Tahiti sur l'une des "goelettes" qui ravitaillent les atolls, mais malheureusement, les dates ne correspondaient pas... La prochaine fois!

Du coup, je suis rentre d'un coup d'avion, avant d'en reprendre un autre : destination Auckland, en Nouvelle-Zélande!

Ce pays ayant une longue histoire et une forte culture Maori, je ne pense pas être trop dépaysé!

Mais je quitte quand même avec regret la Polynésie française. D'abord parce que je n'ai pas eu le temps d'aller voir Bora-Bora, les Gambiers ou les Marquises, mais surtout parce qu'il y a une douce joie de vivre dans ces îles : les gens paraissent heureux. De la "popa" (française de métropole s'étant installée en Polynésie) qui m'a accueilli avec un cœur grand comme son sourire quand je suis passé à Moorea à Te'ave sur son motu, en passant par la famille qui m'a pris à en bateau-stop et qui prend une année sabbatique dans ces eaux, les gens ici semblent avoir trouvé la recette du bonheur. Il faut dire que le lieu s'y prête!
 

Polynésie
Tristan sera bientôt en Polynésie
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